Les compteurs sont au vert chez l’éditeur, mais l’atmosphère n’a rien d’euphorique. Malgré des résultats salués comme largement au-dessus des attentes, la grogne monte autour de Rockstar. Entre renvois contestés et vieilles plaies qui se rouvrent, la fête tourne au froid.
Mobilisation et renvois contestés
Dans la foulée d’une vague de suppressions de postes, d’anciens salariés ont manifesté devant les bureaux londoniens de Rockstar North et de Take-Two Interactive pour dénoncer ce qu’ils estiment être de la répression syndicale.
L’Independent Workers’ Union of Great Britain (IWGB) affirme que près de trente personnes au Royaume Uni et au Canada ont été congédiées pour avoir discuté entre collègues, sur un serveur Discord privé, de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Rockstar qualifie ces échanges de « fuite d’informations confidentielles dans un forum public », une justification que le syndicat juge sans fondement.
Selon Fred Carter, représentant de l’IWGB, des employés ont été sortis des locaux sans explication claire, et beaucoup craignent désormais de simplement parler de leur job à voix haute. La société, elle, évoque des mesures ciblées pour des violations de confidentialité, un discours qui passe mal au regard du passif du studio.
Un passif douloureux qui s’invite au présent
En 2010, la lettre des « Wives of Rockstar San Diego » avait mis à nu la face sombre de la production de Red Dead Redemption : des équipes qui enchaînaient des semaines de 80 à 100 heures, une vie personnelle sacrifiée et un encadrement décrit comme inhumain et destructeur.
Le sujet a resurgi en 2018 avec Red Dead Redemption 2, lorsque plusieurs employés ont confirmé que la cadence infernale, la pression hiérarchique et la glorification du sacrifice restaient ancrées. Six ans plus tard, Rockstar assurait avoir profondément remanié sa culture interne.
Pourtant, les échos qui remontent aujourd’hui pointent toujours la peur, l’isolement et une défiance diffuse. Et dès que les syndicats s’invitent dans la conversation, beaucoup ont l’impression que la réponse demeure expéditive.
Bons résultats, GTA VI repoussé et colère froide
Ce remous éclate alors que Take Two affiche des performances financières tonitruantes et entérine un nouveau report de GTA VI au 19 novembre 2026 « pour plus de finition ».
Une décision qui pique forcément celles et ceux qui ont déjà tout donné au nom de cette fameuse finition. Fred Carter résume l’état d’esprit qu’il observe : une communauté sous le choc, en colère, convaincue que malgré les promesses de transformation, le terrain raconte toujours la même histoire — silence, peur et espoirs déçus.
Rockstar avait promis un avenir plus humain et mieux équilibré. Quand les plans sociaux s’enchaînent alors que les profits explosent, le message envoyé aux équipes ressemble moins à la fin du crunch qu’à une autre forme de casse sociale. Aux dirigeants de prouver, faits à l’appui, que la partie peut encore se rejouer autrement.
