Voilà 15 ans que Dante’s Inferno est arrivé, et l’ombre de ce qu’aurait pu devenir la licence plane toujours. IGN remet aujourd’hui un gros coup de projecteur sur les coulisses et révèle des ambitions qui dépassaient largement le simple statut de one shot. De quoi réveiller une frustration tenace chez les fans d’action-aventure.
Une trilogie avortée, de Purgatorio à Paradiso
Dès le départ, Visceral Games imaginait un arc complet en trois volets. Prévu comme second chapitre, Dante’s Inferno 2 : Purgatorio devait emmener le héros au cœur du Purgatoire, en inversant la progression: remonter vers notre monde à travers des strates marquées par les péchés capitaux.
Plus qu’une suite musclée, le studio visait une aventure plus ample, avec davantage d’exploration et une narration plus présente. Si le premier jeu portait l’ADN God of War, la suite lorgnait vers le savoir-faire de Naughty Dog sur Uncharted 2: adieu une partie des QTE au profit de set-pieces plus interactifs (certes scriptés), et bienvenue à des séquences spectaculaires mieux intégrées au gameplay. Côté casting, on y croisait des figures fortes comme Gabriel, Lilith, Uriel ou encore Caton.
Les premières ébauches de Dante’s Inferno 3 : Paradiso existaient aussi: l’ultime acte prévoyait que Dieu refaçonne le Paradis en pleine guerre entre Ciel et Enfer, avec plusieurs passages directement sur Terre. Une conclusion pensée pour boucler l’épopée en apothéose.
Un timing mortel et les virages d’EA
La trajectoire de la franchise a été plombée très tôt par un pari éditorial d’Electronic Arts: sortir le premier jeu à seulement un mois du lancement de God of War III. Choix audacieux, mais catastrophique pour l’espace médiatique.
Dans la foulée, EA a redirigé les ressources vers Dead Space, ce qui a scellé le sort des suites. Ironie du sort, le 3e épisode fut un échec commercial, et Visceral s’est retrouvé cantonné à de l’assistanat chez DICE (Battlefield 3) et EA Montréal (le dernier Army of Two), avant de livrer Battlefield Hardline.
Le salut aurait pu venir d’un projet Star Wars centré sur un survivant d’Alderaan plongé dans les bas-fonds du crime. Mais un développement chaotique a réduit le marketing à quelques secondes de vidéo, puis mené à l’annulation pure et simple et à la fermeture du studio. Ne restent que des artworks et des fragments d’idées pour imaginer ce qu’aurait pu être ce triptyque infernal.
En revisitant ces pistes grâce à IGN, on mesure l’ampleur manquée d’un univers qui avait les cartes pour se réinventer au-delà de l’inspiration God of War. Entre Purgatoire et Paradis, le voyage n’aura jamais eu lieu, mais la flamme des joueurs, elle, n’a pas fini de brûler.
