Souvenez-vous de Gloomy Eyes, cette série d’animation VR en trois épisodes de 10 minutes créée par Jorge Tereso et Fernando Maldonado. Cette œuvre primée fait aujourd’hui l’objet d’une adaptation vidéoludique développée par le studio belge Fishing Cactus et coproduite par ARTE France, Atlas V, Be Revolution Gaming et 3DAR.
Le studio derrière l’adaptation
Basé à Mons en Wallonie, Fishing Cactus n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir développé Badminton Time, Nanotale, Algobot, Outshine et Corsairs, l’équipe s’est étoffée, passant de 25 membres lors de la création d’Ary and the Secret of Seasons à 38 développeurs aujourd’hui. Leur philosophie ? Offrir bien plus qu’une simple évasion ludique.
Une histoire qui touche au cœur
L’univers de Gloomy Eyes nous plonge dans un monde abandonné par le soleil, où règne une nuit éternelle. Dans ces ténèbres, vivants et morts-vivants s’affrontent sans relâche. L’espoir renaît pourtant avec la rencontre improbable entre Gloomy, un jeune zombie « revenu à la vie », et Nena, une fillette humaine espiègle mais prisonnière de la maison de son oncle.
Ces deux êtres que tout oppose partagent un même rêve : retrouver la lumière du soleil. Leur alliance donnera naissance à une quête magnifiquement écrite, portée par des thèmes universels comme la différence et l’espoir. Le duo fonctionne à merveille, chaque personnage apportant sa complémentarité à l’autre, créant un attachement immédiat.
La narration, assurée par un fossoyeur incarné par Eric Nolan, confère une dimension immersive remarquable à l’ensemble.
Un gameplay coopératif solo malin
Le cœur du gameplay repose sur la résolution d’énigmes et de puzzles pour progresser dans l’aventure. Chaque fin de niveau est symbolisée par un essaim de lucioles, guidant les joueurs à travers 14 chapitres aux environnements variés : écoles abandonnées, mines désolées, le tout baigné dans une atmosphère sombre et magique sublimée par un travail colorimétrique réussi.
La représentation en dioramas permet de s’orienter facilement et de découvrir des chemins secondaires menant aux collectibles disséminés dans les niveaux.
Des capacités complémentaires
L’originalité du titre réside dans l’utilisation des capacités spécifiques de chaque personnage. Gloomy peut soulever et lancer des objets lourds, tandis que Nena excelle dans l’escalade et peut franchir les crevasses d’un bond. Mais chacun possède ses faiblesses : le zombie craint les sources lumineuses, et la fillette redoute les morts-vivants (à l’exception de son compagnon).
Le système de « self-coop » permet de basculer instantanément d’un personnage à l’autre, créant des énigmes accessibles et bien calibrées qui ne frustreront jamais le joueur. Le level design de chaque chapitre témoigne d’un savant équilibre entre réflexion, logique et observation.
Quelques bémols
L’expérience reste malheureusement courte (5 à 6 heures en récupérant tous les collectibles). On regrette également l’absence d’évolution des capacités des personnages au fil de l’aventure, toutes les compétences étant disponibles dès le début.
Une réalisation artistique ensorcelante
Visuellement, Gloomy Eyes évoque immédiatement l’univers de Tim Burton. La direction artistique marie habilement obscurité et poésie, créant une ambiance unique à travers des environnements variés (forêts mystérieuses, écoles délabrées) présentés sous forme de dioramas sombres rappelant Captain Toad.
Seul point noir technique : quelques bugs persistent quand certains objets traversent le décor et disparaissent, forçant parfois à recommencer depuis le dernier checkpoint.
La bande sonore accompagne parfaitement cette esthétique burton-esque, s’accordant à merveille avec l’atmosphère générale. Côté localisation, le jeu propose des sous-titres français avec des voix anglaises. Eric Nolan remplace Colin Farrell (qui narrait le court-métrage VR) et s’acquitte brillamment de son rôle de conteur, apportant la justesse narrative nécessaire à cette belle histoire.
Verdict
Gloomy Eyes réussit sa transition du format VR vers le jeu vidéo traditionnel. Malgré sa durée de vie limitée et quelques ajustements techniques à peaufiner, cette adaptation offre une expérience touchante et artistiquement réussie. Les amateurs d’aventures poétiques à la Tim Burton y trouveront leur compte, portés par une histoire belle et des mécaniques de jeu intelligentes.
