J’ai parcouru Légendes Pokémon Z-A sur Switch 2 grâce à un code review, avec le regard d’un vieux briscard de la licence. De la rom US sans sauvegarde aux versions PAL, en passant par des centaines d’euros mis dans Pokémon GO et un second compte Level 40 monté en moins de 3 mois pendant le confinement (sans fly), mon historique est long comme le bras. Et c’est avec cette passion que j’ai alterné émerveillement et facepalm.
Une boucle jour/nuit qui accroche
Game Freak tient une formule efficace, idéale pour un spin-off. Le jour, on arpente la ville façon pseudo-Paris, on grimpe sur les toits, on casse des éléments du décor pour engranger de l’xp qui grimpe vite, on enchaîne les quêtes annexes et les tâches afin de débloquer des CT à usage illimité, puis on file dans des zones de capture nourrir le Pokédex.
La nuit, place aux affrontements de dresseurs dans des zones dédiées pour cumuler des points et défier l’adversaire suivant du classement, le tout entrecoupé de scènes liées à cette société locale où, à peine descendu du train, un sac disparaît si l’on cligne des yeux.
L’aventure principale s’articule autour d’un grand événement où il faut défier des opposants associés à chaque lettre, pour gravir les échelons du rang Z au rang A. Le rythme est volontairement vif : comptez 20 heures hors post-game, avec une TP salvatrice pour traverser la map en deux clics. Centres Pokémon faisant aussi office de boutiques, gestion d’équipe directement via le menu (plus besoin de PC), « ramasseur de balles » qui récupère vos pokéball ratées, évolutions à déclencher à la demande et apparitions sauvages hors des zones prévues complètent le confort.
Des combats mi-temps réel, mi-ATB
Exit le tour par tour classique : déplacements en temps réel et attaques à recharge type ATB. Chaque capacité impose un cooldown, ce qui évite le spam de Déflagration, Séisme ou Ultralaser. Plus c’est puissant, plus on patiente, et cela redonne de la valeur aux debuffs/buffs qu’on enchaîne pendant les recharges. Le placement compte pour esquiver, même si la précision semble volontairement capricieuse : on reste un dresseur qui ordonne, pas un marionnettiste.
Technique au rabais, récit au point mort
Et là, ça pique. Visuellement, c’est en retrait à tous les étages. On entend que le lead viendrait de la Switch 1, sauf que cette machine faisait tourner Zelda : Breath of the Wild au lancement et Xenoblade Chronicles 3 ensuite. Même Yo-Kai Watch 4 lui met la pression, et la version HD de Dark Chronicles (2002) n’est pas si loin.
La zone n’est pas un monde ouvert immense, juste une ville, pourtant les extérieurs manquent cruellement de détails et de variété, il n’y a pas de doublages, les visages évoquent la N64 (Conker affichait déjà mieux), la mise en scène est aux fraises. Oui, c’est fluide en 60FPS, mais la DA se montre terne, avec clipping massif : des PNJ « factices » disparaissent quand on approche, d’autres s’évaporent à 20m. On parle de 2025 et d’un potentiel de plus de 10 millions de ventes, quand même. Côté écriture, c’est trop enfantin, le protagoniste répond 90 % du temps « Ok » ou « D’accord », et les quêtes annexes virent souvent au fedex (une intéressante pour neuf basiques). Les déplacements manquent de profondeur, la difficulté reste faible sauf au tout début et en endgame (défis dresseurs/quelques quêtes). Le multi est simple mais distribue des récompenses saisonnières, dont l’objet menant à Méga-Amphinobi.
Légendes Pokémon Z-A réussit sa boucle et ses combats, et laisse entrevoir un futur prometteur pour la formule, surtout en spin-off. Mais avec un tel nom derrière, on attend désormais de Game Freak un écrin technique et narratif au niveau de ses idées. Le fun est bien là, l’ambition visuelle et l’écriture, beaucoup moins.
