
Le Xbox Game Pass est souvent présenté comme la révolution du jeu vidéo, promettant aux abonnés un accès illimité à une immense bibliothèque de titres, avec l’idée que cela ferait d’eux des joueurs plus actifs et plus variés. Pourtant, une étude récente du cabinet Newzoo vient bousculer cette croyance. Selon leurs données, les abonnés au Game Pass ne joueraient ni à plus de jeux, ni plus longtemps que les autres joueurs, notamment ceux sur PlayStation. Alors, que révèle réellement cette analyse ?
Un comportement de joueur finalement assez similaire
Emmanuel Rosier, analyste chez Newzoo, a partagé ses conclusions dans un podcast avec l’association australienne IGEA. Malgré les efforts colossaux de Microsoft pour enrichir son catalogue (avec l’acquisition de studios et la sortie régulière de gros titres), les habitudes des abonnés Xbox Game Pass ne se démarquent pas de celles des joueurs PlayStation. En clair, le temps passé à jouer et le nombre de jeux auxquels on s’adonne restent très proches entre les deux groupes.
Cette surprise s’explique en partie par la manière dont l’étude mesure l’engagement. Newzoo ne compte que les jeux auxquels on joue au moins deux heures, évitant ainsi de prendre en compte les simples essais ou « démos » que les joueurs testent rapidement avant de passer à autre chose. Et justement, avec l’immense catalogue proposé par le Game Pass, beaucoup d’abonnés papillonnent d’un jeu à l’autre sans vraiment s’attacher longtemps. Le Game Pass agit un peu comme un service de « démos jouables », permettant de tester une grande variété de jeux sans forcément les terminer.
Game Pass : entre cannibalisation des ventes et succès commercial
Un autre point crucial abordé dans l’étude concerne l’impact du Game Pass sur les ventes classiques de jeux vidéo. Il est désormais clair que la présence d’un titre dans le catalogue Xbox peut cannibaliser ses ventes premium, notamment sur console. Prenons l’exemple de Call of Duty : Black Ops 6, lancé sur le Game Pass : aux États-Unis, 82 % des ventes sur console se sont faites sur PlayStation, alors que Xbox ne représente que 18 % des ventes, malgré la présence du jeu dans son service d’abonnement. Cette inclusion n’a même pas permis d’attirer davantage de joueurs actifs sur la franchise.
Cela dit, Microsoft peut se réjouir de la croissance impressionnante du Game Pass. Le service a généré près de 5 milliards de dollars de revenus lors de son dernier exercice, une performance remarquable qui montre bien l’engouement des joueurs pour ce modèle d’abonnement. De leur côté, Sony observe aussi une croissance soutenue, avec des bénéfices record attribués à la fois aux ventes de jeux et à la montée en puissance de son propre service PlayStation Plus.
Ce bilan nous rappelle que, malgré l’offre tentaculaire du Game Pass, les comportements des joueurs restent très constants. Ce service offre certes une belle porte d’entrée vers de nombreux jeux, mais ne modifie pas fondamentalement la manière dont les joueurs s’investissent dans leurs parties. L’avenir dira si cette tendance évoluera avec l’arrivée de nouveaux titres et expériences exclusives.